Numéro courant
Les articles de ce numéro spécial sont publiés au fil de l'eau.
Les dispositifs hybrides (Valdès, 1995 ; Perriault, 1996) d’apprentissage suscitent depuis plusieurs années (Peltier et Séguin, 2021) l’intérêt des chercheurs, des enseignants, des praticiens (Lafleur et Samson, 2020), des responsables de formation et des acteurs institutionnels décisionnaires. Certains travaux (Hy-Sup, 2009-2012) ont notamment contribué à une meilleure compréhension de ce que sont ces dispositifs de formation, de leur diversité, ainsi que de leurs effets sur les différents acteurs impliqués dans les démarches de conception, de mise en œuvre, d’évaluation, de partage et de dissémination.
La terminologie “dispositif hybride pour l’apprentissage et l’enseignement” que nous avons choisie compte tenu des ancrages disciplinaires multiples, regroupe en réalité plusieurs dénominations et plusieurs définitions (Peraya et al., 2012). Parfois appelés hybrid courses (McCray, 2000) ou encore blended learning (Osguthorpe et Graham, 2003), ces dispositifs se définissent comme hybrides de par la variation d’un ou plusieurs paramètres/dimensions habituellement distincts, ici associés voire fusionnés. Ces paramètres peuvent recouvrir l’organisation temporelle et spatiale (en présentiel/distanciel/comodal) ou des réalités, qu'elles soient physiques ou numériques, comme par exemple à l’aide d’interfaces dites tangibles ou de la réalité augmentée (Schneider et al., 2011 ; Cuendet et al., 2013), hybridant alors les environnements d’apprentissage (Charlier et al., 2006 ; Deschryver et Charlier, 2012).
Ces transformations reposent « sur des formes [plus] complexes de médiatisation et de médiation » (Charlier et al., 2006 : 481) et incitent à une ingénierie techno-pédagogique plus élaborée, ainsi qu’à des effets variés sur différentes dimensions du comportement humain (Peraya, 2010 ; Peraya et Peltier, 2012).De plus, elles cherchent à favoriser le rapprochement social (outil de conversation, outils motivationnels) et/ou des cultures privées et professionnelles (tiers lieux éducatifs ouverts comme les EduLab, les Fablab et les Learning lab). Certains de ces dispositifs se caractérisent également par la présence de dimensions pédagogiques et/ou technologiques liées à la transformation des distances et des temporalités demandant l’utilisation d’environnements numériques (LMS, forums, chats, institutionnels ou non). L’hybridation peut également viser à unifier les mondes physiques et numériques et ainsi favoriser le partage et la construction des savoirs et compétences (Fleck et Hachet, 2016).
L’enjeu aujourd’hui : interroger et/ou réinterroger les dispositifs dans leur conception, mise en œuvre, usage et effet dans un contexte en mutation
Aujourd’hui plus que jamais, du primaire à l’université, le contexte pandémique de ces dernières années a placé les institutions d’éducation et de formation dans une configuration nouvelle, forçant à nous interroger ou réinterroger sur les modes d’enseignement, d’apprentissage mais aussi plus largement sur les relations entre les acteurs impliqués dans ces dispositifs hybrides. En effet, pendant et depuis cette période, les stratégies éducatives se sont diversifiées, enrichies de pratiques innovantes à travers des préconisations d’usages d’outils numériques. Ainsi, dans certaines institutions, l’hybridation a été envisagée, construite (ou non) et/ou planifiée (ou non).
En parallèle, l'émergence et la maturité des technologies rendent possibles de nouvelles formes d’interactions humain-machine (telles par exemple les interfaces de réalité mixte - Giraudeau et al., 2019, voire multimodales - Cuturi et al., 2022, ou encore les interfaces cerveau-machine - Jamil et al., 2021), et donc l'intégration, l’adaptation de ces dernières au service de l’apprentissage et de l'enseignement.
Ainsi, dans la perspective du développement des dispositifs hybrides de formation, l’enjeu est aujourd’hui de fournir des outils méthodologiques et techniques fiables et efficaces, à la fois pour les enseignants dans l’objectif de faciliter leurs activités de conception, de mise en œuvre et d’évaluation de séquences pédagogiques hybrides, et pour les apprenants dans l’objectif de maintenir leur engagement et une continuité de leurs apprentissages par la réalisation d’activités pédagogiques instrumentées variées.
Editorial
Numéro spécial : Dispositifs hybrides pour l'apprentissage et l’enseignement
STICEF, revue scientifique francophone de l'ATIEF, est la revue de référence du domaine des EIAH (Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain). Cette revue, publiée en ligne, a l'ambition de contribuer au développement des recherches dans le domaine en offrant un accès libre et gratuit à ses contributions.